vendredi 14 décembre 2012

La légende de McArthur, partie 2 : L'escroquerie du "tourisme commercial"

Que le tourisme et le commerce local aient depuis longtemps partie liée est une évidence.

La fréquentation d'un site ou d'une ville induits des activités directes, propres au tourisme, et déborde sur des activités annexes comme la vente de biens et services divers, immédiats ou différés.

Reste à savoir lequel doit déterminer l'autre et c'est dans cette hiérarchisation que réside un aspect fondamental du débat, reflet d'un modèle de développement que nous voulons, critique du modèle de domination que nous refusons.

Car qui dit tourisme fructueux dit réunion d'un ensemble de facteurs : des éléments objectifs comme le patrimoine architectural, culturel (musées) et environnemental (sites), des productions de terroir ou simplement originales (artisanats, gisements locaux) mais aussi des éléments moins tangibles comme le style de vie d'une population locale, l'ambiance spécifique d'une ville, parfois des coutumes ou traditions notoires (festives, sportives, religieuses, laïques, gastronomiques, etc.) qui peuvent elles-mêmes motiver des évènements commerciaux (ex. Foire aux cerises).

Au fond le moteur premier du tourisme c'est la différentiation assumée et cultivée : « Venez chez nous pour découvrir que, parce que nous sommes différents, nous avons du nouveau à vous offrir ». D'une certaine manière, on peut dire que l'offre touristique est fondamentalement identitaire.

Plus nous saurons spécifier ce que nous sommes culturellement, socialement, et par conséquent ce que nous voulons devenir, plus nous serons forts pour nous valoriser économiquement.

L'identité collective est vue alors autant comme un capital non marchandisable qu'un projet volontariste de participation active au monde.

Nous sommes là au cœur de l'opposition entre vision nationale / régionale / localiste et vision ultra-libérale mondialiste démissionnaire.

Car à partir du moment où nous acceptons de négocier notre identité dans un monde sans pitié, nous perdons tout, notre âme, notre patrimoine, notre initiative et notre autonomie économique.

Renoncer, négocier, brader, c'est bien ce que font nos élites comme nos élus.

Avec l'affaire MacArthurGlenn et le village des marques, c'est bien la soumission du capital humain, patrimonial, environnemental et culturel du peuple aux exigences du marchand et du marché. Le faux village standardisé s'imposant comme objet touristique va reléguer le vrai village au rôle de décors promotionnel au charme désuet.

Ayant renoncé à soutenir l'entreprise, il ne reste à nos élus qu'a prostituer ce capital sous le joug d'un Mac... Arthur. Car, comme nous le vérons en partie 3 de l'aventure, le superboutiquer anglo-saxon s'est déjà vu promettre, outre la clef des champs de la future boutique du Mirauland, les clefs de l'escalier de service de la ville, en attendant mieux.

Parler de tourisme commercial est donc un escroquerie qui masque la tiers-mondisation de l'économie nationale en général, et locale en particulier.

La Ministre de l’Artisanat du Commerce et du Tourisme de Sakhozy déclarait début 2012 : « La France doit s’adapter aux nouvelles clientèles étrangères mêlant sans complexe Tourisme, Culture et Shopping ».

Notons que l'expression « sans complexe » induit qu'il y aurait matière à complexe, c'est à dire à conflit moral dans la proposition. Or qu'est-ce qu'un conflit moral, sinon le fait de perturber une juste hiérarchisation des choses. Dans la France républicaine dont nous avons hérité, nous avons toujours séparé deux choses : le politique du religieux et la culture du commerce, les premiers primant sur les seconds. Cet aveu inconscient d'une ministre décomplexée résume le délabrement moral de nos dirigeants de gauche comme de droite.

Dire qu'ils osent parler de "Front républicain" contre nous...

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