vendredi 10 octobre 2014

Bruyant dialogue de sourds et défense de la Tour de passe-passe

C'est tout à l'honneur des citoyens réuni en association que de défendre le patrimoine historique, architectural, sa préservation comme sa valorisation dans l'évolution de l'urbanisme de la ville : il est de toute évidence menacé. Leur opposition au projet conduit par le promoteur Christophe Joubeaux a donc toute sa valeur. Reste à voir comment le faire utilement et en appréciant l'étendue implicite du problème posé sans se restreindre à un argumentaire partial.

En amont du conflit, ce qui est en cause, c'est tout l'historique de la planification de l'urbanisme dans ses modalités de concertation comme dans les principes directeurs qui l'ont inspiré. Entre le cadre légal et règlementaire des procedures et la pratique d'étude et de concertation conduite par les municipalités successives et leurs autorités de tutelle, il y a une marge. Elle devrait être comblée par des personnalités élues cultivée et responsables, porteuses d'une vision susceptible d'être relayée dans le long terme par delà les clivages et soutenue par une participation populaire éclairée.
Mais voilà. Nous avons modelés des élus à notre image !


On ne peut pas, nous tous, citoyens, d'un côté sacrifier à une logique électoraliste partisane stérile, s'en remettre à une démocratie représentative à bout de souffle en crise de légitimité, cultiver des valeurs de réussite individualistes et consuméristes, accepter les errements du multiculturalisme, se démobiliser sur les enjeux politiques contemporains, et de l'autre prétendre se soucier le l'environnement, de l'identité culturelle, du patrimoine, de la cohésion ou de la solidarité sociale.

Pour le dire simplement, la mode est à la protestation collective conjoncturelle, tapageuse et communicante, sûrement pas à l'engagement au fond et au long court : on le voit dans le champs des relations sociales et politiques comme dans le champs privé avec l'instabilité relationnelle généralisée.

La mode est aussi aux collectifs dits apolitiques qui prétendent trouver dans cette revendication un gage de vertue d'innocence représentative, mais se laissent d'autant plus porter de ce fait par des calculs occultes, des manipulations indirectes, et plus communément par le reflexe narcissique du "je conteste donc je suis" propre à la société du spectacle médiatisé décadente.

Revenons à nos moutons. Quel est le projet alternatif pour le devenir du parc près de la Tour des Archives ?


Faire un square d'agrément qui puisse étendre l'espace public au cœur du peu de bâti historique vernonnais que la guerre a épargné est un beau projet.
Mais qui va financer l'investissement à l'heure nous avons laissé la fiscalité devenir confiscatoire des revenus comme de l'épargne des français et laissé bien hypocritement nos dirigeants UMPS financer notre illusoire niveau de consommation par la dette souveraine ?

Quel est donc le modèle économique du contre-projet ?

La propriété du parc de la rue des écuries de garde est un reliquat d'une époque où nos ancêtres étaient moins avides de consommation et plus soucieux de valeurs patrimoniales durables, sans recourir d'ailleurs à tout un battage de considération écolo jargonnesque d'ailleurs. Quitte à faire de l'histoire, autant aller jusqu'au bout. Nous avons choisit de mettre de la valeur dans des objets consommables, souvent acquis à crédit, il n'y a donc plus personne pour financer les belles propriétés et architecture d'antan. On ne peut pas avoir sa carte de fidélité Leclerc ou Carrefour, rouler en 4x4 et demander aux collectivités territoriales de financer nos renoncements.

Christophe Joubeaux ne fait que traduire par son projet les normes économiques et urbanistiques qui vont avec nos choix collectifs. Si lui, promoteur vernonnais accessible à une négociation ne le fait pas, Bouygues s'en chargera et on a pas vu de mobilisation aussi massive contre le projet de l'avenue Mendès-France.

Nous sommes donc bien sur un problème foncièrement politique au sens noble du terme, pas au sens partisan. Si combat il y a à mener, c'est d'abord sur la remobilisation des citoyens, leur réappropriation des mécanismes de participation aux décisions. Or il n'a jamais été aussi possible de l'entreprendre. Encore faut-il ne pas se tromper d'adversaire ni se complaire dans l'entre-soi de petites communautés protestataires sans lendemain.
Renvoyons fesse-bouc et ses faux amis en enfer et revenons sur terre nous occuper des réalités !

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