Georges Bensoussan, historien, auteur Les territoires perdus de la République, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, fait l'objet d'une pétition relayée par Mediapart sur le mode de l'indignation antiraciste et de l'appel à la censure d'un propos raciste islamophobe dans le service public...
Au cours d'une l'émission de Finkielkraut sur France Culture, Bensoussan
a cité un sociologue algérien, Smaïn Laacher, disant : "C’est une
honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes,
en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire,
l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère". »
Il y va fort, taxer des sémites d'antisémitisme atavique, comme on dit, c'est du lourd ! Disons que c'est une image excessive.
Mais est-il raisonnable de réduire la pensée d'un auteur à une formule
posée dans un bref débat radiodiffusé ? Y pointer des intentions
coupables sans tenir compte des nombreux ouvrages historiques et
sociologiques de fond qu'il a publié ?
Est-il cohérent de s'indigner qu'un universitaire juif sioniste
franco-israelien voit la société autrement qu'un sociologue de la
communauté musulmane franco-magrébine, tout en prônant le droit à la
différence, la mixité et autres fadaises comme le vivre ensemble ?
Est-il sensé d'en appeler au pouvoir et au pénal pour débattre la complexité du réel entre intellectuels ?
N'est-ce pas, en soi, comble du paradoxe, inciter les communautés populaires à
l'affrontement ?
N'est-ce pas, in fine, reformuler la terrible "question
juive" ?
Bien sûr que si !
L'antiracisme est un virus destructeur qui dévorera tout, y compris ses promoteurs !
Terrifiante folie de l'arroseur arrosé, l'anti-islamophobie le dispute à
l'anti-antisémitisme dans une course à la criminalisation réciproque !
La dénonciation de la "haine", déchet toxique de l'effondrement de la
conscience politique et historique de la "gauche morale" moribonde, apparaît une fois de plus comme la négation de la pensée et par conséquent pour ce qu'elle est : un culte de la haine de tous contre tous, un racisme sans races 2.0, le djihad tous azimuts du droitdelhommisme répressif.
Mon point de vue sur le pseudo-antisémitisme des banlieues :
Ayant vécu dans la société paysanne marocaine, j'ai pu constater qu'un
anti-judaisme local transpirait des dogmes religieux jusque dans les
contines enfantines, les expressions populaires, où le malheur du juif
est chanté comme un motif de réjouissance. Mais le juif raillé y était
un juif réel du mellah, certes isolé dans la medina, hors de l'oumma,
mais un juif du peuple incarné, un natif enraciné. L'émigration massive
des juifs du maghreb vers Israël a créé un vide. Puis l'immigration
maghrébine en France a importé ce thème dans le contexte de ghetto
péri-urbain, inversant la logique d'isolement communautaire, où il n'y a
d'autant moins de juif du peuple tangible à côtoyer que le peuple natif
de souche lui-même et son identité y sont neutralisé par la
"modernité".
L’émergence d'un supposé antisémitisme arabe des banlieues est
peut-être d'abord à rechercher dans le deuil d'un cousinage ancestral,
d'une séparation de corps d'un couple abrahamique judéo-arabe par les
migrations, laissant le musulman exilé, déraciné et dominé seul dindon de la
farce face aux "associateurs" (mot du Coran désignant l'association des
juifs & des chrétiens prophétisée comme devant s'incarner dans le
protestantisme).
Le terme antisémitisme des banlieues est alors insensé : il s'agirait
plutôt d'un hyper sémitisme déçu dont le juif serait sécessionniste ressenti !
Voilà qui explique la brèche existentielle où l'islamisme pétrolier associé au veau d'or américano-protestant s'est engouffré !
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