Suicide d'un avocat engagé : un manque de solidarité ou d'esprit critique chez certains "patriotes" ?

Sur le suicide tragique et le geste meurtrier de l'avocat Joseph Scipilliti, défenseur et adhérent des mouvements Riposte Laïque et Résistance Républicaine : (Joseph Scipilliti s'est donné la mort après avoir tiré sur le bâtonnier du Barreau de Melun.) Affaire privée, professionnelle ou politique ? Les trois probablement.

Moralement il n'y a pas à commenter ni utiliser la mort d'un homme, a fortiori son suicide, qui est un fait singulier d'une histoire singulière. Reste qu'un tel geste d'un patriote engagé, courageux, sincère peut inspirer une réflexion d'intérêt collectif.

Quand on parcoure le testament qu'il a laissé, son "journal indélicat", on comprend vite qu'il a payé le prix de son engagement pour la Justice, avec un grand J, qu'il a voulu combattre l'injustice au sein même de l'institution judiciaire tout en constatant que :

" l'avocat indépendant qui a pour métier de défendre les autres, ne peut se défendre contre les actes d’arbitraire répétés dont il est victime. "

Ce combat, c'est déjà beaucoup pour un seul homme.

Il a voulu en plus se faire le défenseur quasi bénévole de mouvements anti-islam ultra radicaux.

Comme le dit notre ami Erik Ackermann, on ne peut courir 36 lièvres à la fois, à fortiori le faire seul ou dans des petites organisations bruyantes qui prospèrent sur des mauvaises causes trop grandes pour elles et contre des pouvoirs trop forts contre elles. (Notez qu'en général ces organisations sont fondées par des gens venus de la gauche...)

Mais il y a plus tragique : l'engagement militant total peut conduire à la déraison les esprits les plus éclairés et les profils les plus courageux. En bas de l'échelle, cela peut conduire le petit patriote de terrain comme Joseph Scipilliti à la faillite et au désespoir. En haut, cela peut conduire les personnalités politiques à la "grosse tête" et à l'ivresse du pouvoir.

Alors, que faut-il en conclure ?

Eh bien, que c'est au collectif des patriotes de réguler ce "montage de bourrichon" en apportant à la fois

- de la solidarité

- et de l'esprit critique

l'un ne va jamais sans l'autre.

Que seule une organisation d'envergure comme le FN peut favoriser cette auto-régulation, tempérer les énergies, recadrer les extrémismes. Mais ne tombe t-il pas dans l'extrême inverse ? L'auto-censure, un certain conformisme ?

Pour les autres,

J'ai dit depuis longtemps à Pierre Cassen et Christine Tasin que le combat obsessionnel anti-islam est dangereux d'abord pour l'équilibre mental de ceux qui s'y adonnent : c'est même pour cela que le système le favorise !

Ensuite parce qu'entrepris isolément, c'est une cause perdue.

Ils ont beau jeu de se victimiser, disant : "Ils ont tué Joseph Scipilliti, notre avocat". N'y sont-il pas pour quelque chose ?

Ces gens caricaturent le patriotisme et sont plus dangereux que productifs.