jeudi 5 septembre 2013

FN : Sanctionner l'inculture nationale avant l'antisémitisme supposé

Inculture, ignardise nationale ou antisémitisme ?
L'éviction récente d'un militant du Front National à qui est reproché la publication sur FaceBook d'un message visuel hostile à Israël nous donne une occasion de consolider quelques idées ou plutôt de mettre un peu de complexité dans ce qui passe à tord pour des évidences.

Le critère de la "conscience nationale" doit primer

Quand on est attaché à la nation, à sa nation, on ne peut qu'être attaché à la préservation de celle des autres, quelle que soit l'appréciation qu'on porte sur les régimes qui les gouvernent, leurs comportements géopolitiques ou les rapports conjoncturels qu'on entretien avec.
Il y a sous cet énoncé l'idée propre à notre famille politique que des peuples sont porteur d'un projet constructif solidaire et singulier, leur nation, mais ne sont pas ni par essence ni de ce fait porteur de conflits.
C'est pourquoi nous séparons l'attachement à la nation de l'adhésion à un régime (la république). A fortiori de la politique mené par leur classe dirigeante.
Israël est-il un état nation ? Nous posons que oui par principe, en séparant ce postulat des débats sur la légitimité et les modalités de sa fondation, de son développement, et de son projet dans le monde. Autrement dit du sionisme que nous prenons d'abord comme un nationalisme particulier, critiquable par ailleurs.

L'idée de brûler un drapeau est donc d'emblée un acte antinational.
Le message est donc fautif et malveillant sur le fond, et tactiquement nuisible. S'agissant d'Israël, s'ajoute évidement de la morbidité.

Eviter la dérive antiraciste

Notons que nous ne sommes pas passé par le concept d'antisémitisme pour l'analyser. Il n'apporte rien de constructif. Dénoncer ce message comme antisémite c'est déporter la conscience nationale*, (en bon marxiste j'aurais pu dire la conscience de classe) avec les problèmes réels qu'elle doit traiter, vers la question raciale, ethno-religieuse, communautaire, vecteur de conflit et d'aveuglement. Comme nous l'avons démontré ailleurs, l'antiracisme est une modalité d'entretien du racisme, de l'antisémitisme utilisé comme facteur de division par l'hyperclasse dominante.

Notons que nous ne sommes pas non plus passé par l'antisionisme. Cette fois parce qu'il faudrait ouvrir un développement considérable pour y faire le tri, c'est un autre chantier d'importance. Et je doute que ce militant l'ait entrepris.
Posons comme repères que nous refusons de penser une "question juive" suggérée par le slogan "ici on est en France", (donc pas eux ?). Mais que, comme il y a un problème avec l'universalisme des prétendues "Lumières" et ses clans qui dégrade la nation en France, il y a un problème avec un sionisme métaphorique dominateur qui s'exprime dans l'empire de la banque, une diaspora de la finance, des réseaux de pouvoir qui n'a plus rien de judaïque. Réalité ou perception, mieux vaut prendre les devant.

Pour une formation politique de fond

Le Front National va donc prendre une mesure disciplinaire car à cet égard il est justement un parti comme les autres.
Idéalement un parti gagnerait à investir dans la formation de ses militants, non seulement aux aspects tactiques, mais aux approches intellectuelles et culturelles de la politique. Affaire de moyens ou affaire de méthode ? Sûrement les deux.
Etablir une exemplarité jurisprudencielle des sanctions ne nous semble en tout cas pas suffisant pour y pallier.

Lire l'Article de la Voix du Nord : Le candidat possible du FN à Tourcoing suspendu après s'être affiché avec une page Facebook antisémite

* à propos de la conscience nationale, voici un texte sur l’identité juive, la république et la nation : de quoi documenter le danger du "refoulé de la nation" en situation de crise.

Le sytème politico-symbolique du signe juif dans la vie politique française / Shmuel Trigano / sur www.controverses.fr, extraits des pages 7-8

"L’analyse de ce système de l’identité juive contemporaine explique pourquoi il a incarné tout au long de ces deux derniers siècles le concentré des tensions propres au système français.
(...)
L’hostilité de l’universel républicain envers toute identité, cependant, s’étend même – il faut le souligner – à l’idée nationale française en tant qu’elle désigne une spécificité identitaire. La nation, comme c’est le cas dans le discours constitutionnel et formel, y est couramment identifiée à l’universel ou à la République, en tant que « communauté des citoyens ». Rien dans l’analyse sociologique et politique ne peut cependant corroborer cette ambition car le phénomène identitaire relève toujours pour une collectivité du mythe des origines.
A ce propos, nous prenons la mesure de la contradiction suprême du système français : la tension entre la République et la nation.
(...)
C’est dans ses accès de fièvre, dans le retour du refoulé de la nation que la non reconnaissance des Juifs comme collectivité dans la perspective de la citoyenneté devînt de l’antisémitisme.

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