vendredi 6 septembre 2013

Irresponsable, la diplomatie française UMPS démontre une triple ignorance.

RH, gaulliste et souverainiste à Cahors

D'après un article ici adapté et résumé de Roland Hureaux, petit cours sur la diplomatie à propos de la Syrie, petit rappel de vocabulaire sur les dictatures.

En faisant au cours des derniers mois, au sujet de la Syrie, de la surenchère sur la politique américaine elle-même, les gouvernements UMPS ont marginalisé et discrédité la France ... par ignorance crasse.





Ignorance : L’oubli de la mission et de l'histoire de la France au Proche-Orient

Initialement protéger les minorités chrétiennes, puis les minorités en général notre intervention dans les affaires syriennes compromet les intérêts non seulement des chrétiens mais aussi des autres minorités, les alaouites ou les druses;  nous nous évertuons à renverser le seul régime, issu lui-même de la minorité alaouite, qui les protège.

Ignorance : La diplomatie des droits de l’homme, simpliste et contradictoire

Que signifie la promotion des droits de l’homme si elle doit passer par le massacre ou l’exode de toutes les minorités ? Nous serions supposés ne  nous lier désormais qu’avec les régimes démocratiques ou les oppositions prétendant promouvoir la démocratie même s’il s’agit de fanatiques barbus tout prêts à égorger tout ce qui n’accepte pas la charia.
La dissociation des considérations intérieures et de la grande diplomatie est pourtant une des grandes constantes de l’histoire de l’Europe, singulièrement de la France.

Ignorance : Une hiérarchie fantasmée des régimes

Troisième ignorance, cette diplomatie se fonde, pas seulement en France, sur une hiérarchie des pays rapportée au critère démocratique qui n’a qu’un rapport lointain avec les réalités. Une hiérarchie qui  résulte, non d’une analyse socio-politique solide, basée sur des critères objectifs,  des régimes avec lesquels on traite, mais sur  une doxa « politiquement correcte » produite  au carrefour des médias et des chancelleries occidentales, compendium  de préjugés sommaires, de parti-pris contestables, de jugements à deux poids deux mesures sans doute inspirés en dernière instance par les intérêts de puissance nord-américains.

Cette hiérarchie ignore les catégories politiques élémentaires que l’expérience du XXe siècle nous avait conduits à établir.

Dinstinguer au moins régimes totalitaires, dictatures classiques, démocraties

La notion de régime totalitaire. Hannah Arendt  avait  eu le mérite de la dégager la  première, montrant que les régimes soviétique et nazi avaient en commun ce caractère. Elle avait apporté des nuances quant au fascisme italien qui, selon elle, ne pouvait être qualifié de totalitaire, car il était loin d’avoir contrôlé - ni même cherché - la totalité de la  société civile et n’avait pas multiplié les crimes au même degré. En un sens aussi radical, le seul régime qui mérite aujourd’hui l’appellation de totalitaire est la Corée du Nord.
Puis viennent, les dictatures classiques, comme l’étaient l’Espagne de Franco ou les régimes militaires d’Amérique latine. Si l’on fait de la vraie science politique et non de la propagande, trois différences majeures séparent ces dictatures des régimes totalitaires :

  • d’abord le fait qu'elles ne visent  pas le contrôle de toute la société, notamment de l’économie, mais seulement du pouvoir politique, 
  • ensuite que n’y  courent des risques véritables que ceux qui s’y opposent , 
  • enfin que ces dictatures ne demandent que l’adhésion  passive alors que les régimes totalitaires exigent de tous un  engagement  actif. 

Et il y a enfin, plus haut dans la hiérarchie, les démocraties, toujours  imparfaites et en évolution, qui se caractérisent notamment par le fait qu’il  y  est procédé à des élections qui ne sont pas complètement une parodie et que le pouvoir peut même, à l’occasion,  perdre.

UMP-PS, l'ignorance & la malveillance associée
Foin de ces catégories dont on pensait quelles étaient devenues classiques ! Nos dirigeants mélangent tout.


  • Le régime d’Assad, dictature classique, comme tous les régimes baasistes, un peu plus raide peut-être compte tenu des risques qu’affronte ce pays hétérogène et proche d’Israël,  est tenu pour un régime totalitaire. Assad est, absurdement, dans la logomachie ambiante, assimilé à Hitler. 
  • Chavez, défunt président du Venezuela, était fréquemment qualifié dans les médias de « caudillo », alors qu’il n’emprisonnait personne, respectait  le résultat de urnes quand il lui était défavorable (ex. lors du référendum de 2007). 
  • Tout comme  Milosevic, dont le parti  avait perdu les élections municipales dans  la plupart des  grandes villes, ce qui n’était jamais arrivé naturellement ni à Hitler, ni à Staline auquel la presse internationale l’assimilait, ni même à Mussolini ou Franco.
  • On dit aujourd’hui  n’importe quoi sur la Russie de Poutine, qui, certes, n’est pas une démocrate parfaite, loin s’en faut, mais ni plus ni moins que ne l’était le Mexique au temps de la toute-puissance du PRI, voire le Japon du  PLD, et qui demeure, si on la compare à sa situation en 1980, un des pays qui ont fait le plus de progrès dans le monde. 
  • En revanche, les mêmes moralisateurs ne trouvent rien à redire, ou si peu, à la monarchie absolue d’Arabie saoudite qui n’est pas loin d’être un régime totalitaire.


C’est néanmoins en fonction de cette  échelle de valeurs superficielle et partisane que sont décidées les positions de la diplomatie française.

lire l'article complet sur la blog de Roland Hureaux
Diplomatie française : L'inculture et l'ignorance aux commandes / Roland Hureaux

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire