mercredi 11 septembre 2013

Renaud Camus ne pose t-il pas le problème à l'envers ?

Initiateur du concept de Grand Remplacement, Renaud Camus fonde, après le Parti de l'Innocence, le mouvement du Non au Changement de Peuple et de Civilisation, NCPC.

Son action couronne un processus de prise de conscience des milieux patriotes face à l'immigration massive, débuté il y a moins de dix ans, mais anticipé par d'autres depuis un demi-siècle. "Ce que j’appelle le Grand Remplacement est à la fois la plus grave crise de notre histoire et le problème le plus sévère que nous devions affronter aujourd’hui."
Sans doute.

Nous retrouvons là le problème de la notion de combat prioritaire, de problème chapotant de façon absolue tous les autres, de sommet dans la hiérarchie des urgences.
Résistance Républicaine, le mouvement de Christine Tasin, emprunte la même posture en désignant l'opposition à l'islamisation comme mère de toute les batailles, au point de faire de l'islamophobie un contenu vertueux et républicain. En d'autres temps et d'autres lieu, il s'agissait de combattre "le grand capital" au prix de sacrifice de nombre de libertés.

Ces notions (immigration, islamisation) correspondent autant à un ressenti largement partagé qu'à un ensemble de faits établis incontestables. 

Mais dans la dynamique intelligible du réel, y a t-il un facteur premier, un nœud central ?
Peut-on sérieusement échapper à une vue globale et une action sur des fronts multiples ?

Le risque induit par un parti du NON est d'aller à contresens du but recherché : instituer l'adhésion à un constat terrifiant, le figer en lui édifiant un monument, le servir par un rituel convenu, substituer sa Vérité à l'exploration de la complexité des choses.

Renaud Camus
Il nous semble que la seule façon de dire Non avec efficacité est d'arriver à dire Oui à quelque alternative substantielle. A quoi Renaud Camus dit-il oui ? Nous ne savons pas, sans le lui reprocher car c'est évidement là, et pour le coup tout le problème !

Le Grand Remplacement n'est-il pas, in fine, l'expression d'un Grand vide, d'une grande béance. Quand Marine Le Pen propose de clore "les pompes aspirantes", il n'est pas sûr qu'elle se borne à désigner l'attrait des prestations sociales généreusement accordées aux immigrants. Elle sent aussi qu'il y a une dépression de l'être collectif, somme de petits renoncement individuels quotidiens savamment entretenu par le système.
Défricher et désherber ne dispense pas de cultiver son jardin, sinon, la nature, qui a horreur du vide et peu de sentiment, reprend ses droits.

Toute la question est de savoir si le paradigme de la guerre est le meilleur modèle pour redonner de la substance et une dynamique centrifuge à la collectivité patriote.
Assimiler l'immigrant à un ennemi et le natif à un résistant n'est pas forcément la meilleur façon d'inciter ce dernier à réévaluer ses atouts et réinvestir son propre projet. Il est en plus à coup sûr un moyen de renforcer chez l'arrivant une motivation belliqueuse et d'abonder au chaos.

Posons provisoirement l'idée qu'il faut repenser complètement le problème en incluant d'emblée le Grand Remplacement comme un fait initial, composite et pluriel, qu'il s'agit de dissoudre composant par composant dans un plan d'ensemble et un processus évolutif. On découvrira peut-être que l'immigration a livré les enzymes de sa propre assimilation - ou réorientation- tout en constatant qu'un retour en arrière est un projet chimérique.

Le parti du Grand Chantier en quelque sorte. Reste à savoir si le militant patriote est un bâtisseur avant d'être un combattant.

article sur BVoltaire : Non au Changement de Peuple et de Civilisation ! / Renaud Camus
site du Non au Changement de Peuple et de Civilisation

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